DoDiMu Pratiques de " faire " la différence (socioculturelle) et de gérer le multilinguisme en classe : perception, réflexion et changement grâce à l'apprentissage par vidéo dans les communautés de pratique
Dates
Avril 2024 - Juillet 2025
Thématiques
Sensibilisation à la diversité culturelle multilinguisme/plurlinguisme inclusion
Niveau d'enseignement concerné
Formation des enseignants (enseignants en formation initiale et en cours d'emploi) pour les écoles secondaires et primaires.
Mots clés
Pratiques, différences, inclusion, plurilinguisme, apprentissage par vidéo
L’hétérogénéité et les différences jouent un rôle dans les écoles et les salles de classe de toute l’Europe : D’une part, elles font partie de la vie quotidienne et, d’autre part, elles représentent un défi pertinent pour les enseignants (Idel, Rabenstein & Ricken, 2017 ; Tillmann, 2014). En raison de la mondialisation, des conflits nationaux et internationaux, les enseignants sont souvent confrontés à des élèves allophones ou alloglottes (Gouaïch, 2018) vivant dans un environnement social ” difficile “. Par conséquent, ils doivent constamment adapter leur pratique au contexte plurilingue et pluriculturel de leur classe. Faire face à différentes formes d’hétérogénéité et de différence suppose que les différences elles-mêmes soient perçues et que l’on réfléchisse à sa propre production de différences sous forme de pratiques (Reh & Rabenstein, 2013) (Budde & Eckermann, 2021).
Contexte du projet
Le terme “hétérogénéité” fait l’objet d’un débat public et académique intense depuis plusieurs années. En raison de son ouverture, il permet de regrouper différents défis auxquels les écoles et le système scolaire sont actuellement confrontés. Toutefois, cette ouverture est aussi la faiblesse du terme, qui peut être caractérisé par son imprécision et qui est souvent surchargé (Budde, 2012). Il existe un consensus sur le fait que la gestion de l’hétérogénéité est une exigence de professionnalisation ou un sujet de recherche actuel dans le contexte de la professionnalisation qui doit être maîtrisé ou traité de manière intensive (Gebauer, McElvany & Klukas, 2013 ; Hirschauer & Kullmann, 2010 ; Sturm, 2013).
Dans le débat public et académique, deux catégories de différences font actuellement l’objet d’une attention particulière : l’hétérogénéité socioculturelle et l’hétérogénéité des résultats (cf. également les domaines de discours décrits dans Budde, 2012). Fondamentalement, deux perspectives d’observation de l’hétérogénéité ou de la différence (Emmerich & Hormel, 2013 ; Weisser, 2005) peuvent être distinguées dans la recherche : Une perspective essentialiste qui considère l’hétérogénéité selon les catégories sociales de la différence comme quelque chose qui est apporté à l’école (externalisé) et qui en tire un défi didactique (opportunité/charge) (Budde, 2017 ; Derrida, 1990 ; Sturm, 2018 ; Walgenbach, 2014). Il faut distinguer de cela une perspective sociologique dans laquelle l’hétérogénéité est (aussi) (re)produite dans les écoles (par exemple, Diehm, Kuhn, Machold & Mai, 2013 ; Emmerich & Hormel, 2013 ; Gaststädt & Rüger, 2021 ; Merl, 2019 ; Rabenstein, Reh, Steinwand & Breuer, 2014 ; Wagner-Willi & Sturm, 2016) et peut donc être définie comme relative, socioculturellement ancrée, socialement construite et partielle (Sturm, 2013). C’est également dans le contexte de cette deuxième perspective que se situe l’étude des pratiques d’enseignement.
La prise en compte de la diversité au sein d’une classe et de l’élève plurilingue nécessite que les enseignants soient formés et équipés. Si l’on considère sa définition, le plurilinguisme, c’est ” des pratiques efficaces entre individus et dans deux ou plusieurs langues ” (Nussbaum, Moore et Borras, 2013). Les élèves arrivent à l’école avec leur répertoire linguistique, ce qui peut représenter une barrière à l’apprentissage de la langue de scolarisation. Il s’agit donc d’un défi socio-éducatif pour nos systèmes éducatifs. Former les enseignants à la didactique du plurilinguisme devient une nécessité dans ” une perspective socioprofessionnelle et citoyenne ” (Gajo, 2006). Il ne s’agit plus de ” promouvoir “seulement” une diversification de l’offre et de la demande de langues dans les contextes scolaires. Le problème est de gérer une pluralité qui est bien là et qui suscite des tensions et d’éventuels conflits au sein de territoires où se sont opérés des renversements de rapports de domination ou de nouvelles affirmations d’anciennes minorités ” (Coste, 2008)
Actuellement, la recherche sur les pratiques (Reh & Rabenstein, 2013) de production et de gestion de l’hétérogénéité dans les contextes scolaires et de classe est principalement menée par le biais d’ethnographies (par exemple, Budde, 2014) ou de vidéographies (par exemple, Sturm & Wagner-Willi, 2015). Un avantage des analyses vidéo est de pouvoir reconstruire, dans un sens sociologique de la connaissance, la connaissance guidant l’action (Mannheim, 1964 ; appelée connaissance incorporée dans Bourdieu (1976)) qui détermine les pratiques d’action quotidiennes des enseignants. La vidéographie, composée d’une analyse de conversation et d’une analyse d’image, fournit une approche méthodologique de ces savoirs d’action. Les énoncés verbaux ainsi que les éléments non verbaux peuvent être enregistrés et évalués de cette manière (pour l’évaluation analytique du contenu des données image/vidéo, voir Tuma, Schnettler & Knoblauch, 2013).
Objectifs du projet
L’objectif du projet est d’identifier et de réfléchir aux pratiques de création de différences (socioculturelles) et de gestion du plurilinguisme avec les enseignants et les élèves dans des enregistrements vidéo de leçons réelles afin de leur permettre d’agir avec confiance dans leurs propres leçons et d’aborder plus consciemment la diversité et l’inclusion. Il convient donc de soutenir le plurilinguisme dans les (futures) salles de classe et de promouvoir la sensibilisation à la diversité culturelle.
Perspective méthodologique
Dans le cadre du premier module de travail (WP 1), des leçons exemplaires seront filmées dans les quatre écoles participantes (données : vidéos de classe). Les normes nationales applicables en matière de protection des données ainsi que les considérations éthiques sont prises en compte et respectées lors de la création des vidéos. Dans un premier temps, suivant la méthode documentaire (Bohnsack, 2013), ces vidéos seront évaluées par les chercheurs participants en ce qui concerne les pratiques de création de différences et de gestion du plurilinguisme. A cette fin, les praxéologies didactiques et plurilingues des enseignants pourront être détaillées et analysées afin de déterminer les conditions et les contraintes qui existent pour leur diffusion et ainsi contribuer à leur amélioration et à leur développement. La création de tableaux synoptiques pourrait contribuer à la compréhension de ces praxéologies.
Dans la communauté de pratiques (WP 2 et WP 3), les vidéographies de classe seront utilisées comme une opportunité d’analyse et de réflexion. Les considérations éthiques jouent également un rôle à ce stade, et les participants signent des déclarations de confidentialité. Le travail au sein de la communauté de pratiques sera consigné et les phases de travail spéciales (par exemple, les cycles de réflexion) seront enregistrées (vidéo ou audio) (données : vidéos de discussion). Ces vidéos seront ensuite évaluées à leur tour.
Dans l’ensemble, aucune donnée vidéo ne sera divulguée au public ou utilisée en dehors du contexte de la communauté de pratique ou dans des cours ultérieurs.
Leaders du projet
-
SYRING Marcus (University Tübingen)
Autres partenaires
-
TRETOLA Jessyca (Aix-Marseille Université, INSPÉ, ADEF) : co-leader
-
GOUAÏCH Karima (Aix-Marseille Université)
-
ZOUGS Muriel (Aix-Marseille Université)
-
KOLVACHUKM Olena
-
DAVIN Fatima (Aix-Marseille Université)
0 commentaire